Créée par Décret n°2017-1764 relatif à l'établissement public Société de livraison des ouvrages olympiques en date du 27 décembre 2017, la SOLIDEO est une entité publique, en charge de la livraison de près de 70 ouvrages très divers : bâtiments, ponts, groupes scolaires, gymnases, piscines…

L’établissement, composé d’environ 150 personnes, possède trois rôles : la supervision des 70 sites dont il a la charge et l’aménagement d’espaces publics et d’équipements pérennes nécessaires à l’organisation de l’événement, le financement de projets, ainsi qu’un rôle d’aménageur du Village des athlètes et du Village des médias. Au sein de ces deux ZAC, on retrouve des bâtiments (logements et bureaux) dont les maîtres d’ouvrage sont des promoteurs immobiliers privés, ainsi que des espaces et équipements publics. Le Village des athlètes accueillera près de 14 500 athlètes du 26 juillet au 11 août et 9000 athlètes et accompagnateurs lors de la deuxième phase du 28 août au 8 septembre.

Pour répondre à une stratégie environnementale ambitieuse, la bois a été l’un des matériaux de prédilection utilisé dans la construction et la rénovation des structures sportives ou nécessaires au déroulé de l’événement. Il devait répondre à des critères exigeants, avec notamment un approvisionnement issu de filières engagées, qui s’est traduit par l’obligation de choisir des produits forestiers provenant de forêts bien gérées et certifiées.

Kelly Prevost, Chargée de missions excellence environnementale, et Thibault Meynieux, Chef de projets espaces publics à la SOLIDEO, ont répondu aux questions de FSC France sur cette démarche d’approvisionnements responsables.

70 ouvrages
© SOLIDEO

Une stratégie ambitieuse

« Notre ambition était d’utiliser au maximum l’existant et de ne construire ou de rénover que lorsque cela était absolument nécessaire » nous explique Kelly Prevost, dont le rôle a été d’élaborer le cahier des charges environnemental des ouvrages, et aujourd’hui de suivre les objectifs fixés sur les chantiers. « Dès la phase de candidature de la Ville de Paris, avant même la création de la SOLIDEO, un recensement précis des équipements existants pouvant accueillir des sites de compétitions ou d’entrainement a été réalisé, pour éviter la construction de nouveaux projets. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui a conduit au choix de Paris comme ville hôte ».

Kelly et ses collègues ont donc commencé par « penser à l’héritage », en identifiant les besoins des quartiers (écoles, logements, bureaux…) avant de réfléchir à la manière dont cet événement sportif international pouvait s’inscrire face à ces besoins. « Cette démarche permettra d’engager des travaux de réversibilité après les Jeux, plus ou moins importants, pour faire correspondre les nouvelles structures et aménagements aux besoins réels des habitants ».

Ainsi, cette démarche basée sur l’héritage se décline sur 4 piliers environnementaux : l’économie circulaire, la résilience climatique, la préservation de la biodiversité et la neutralité carbone. C’est au sein de ce dernier pilier que l’on retrouve la stratégie de la SOLIDEO concernant le bois et son approvisionnement plus responsable. Alors que le bois est de plus en plus plébiscité et reconnu pour sa capacité à remplacer des matériaux plus énergivores et moins durables, l’objectif de la SOLIDEO a été d’encadrer la construction et la rénovation des ouvrages dédiés à l’événement en émettant le moins de carbone possible. Kelly Prevost précise : « Notre postulat était de réduire les émissions carbone de moitié par rapport aux Jeux de Londres en 2012. Pour y répondre, nous avons imposé des budgets carbone maxima (dits socles) à nos partenaires maîtrises d’ouvrage, transmis ensuite aux maîtrises d’œuvre, pour les encourager à se tourner vers des solutions bas carbone. Le bois répondait aux objectifs de séquestration du carbone et de substitution face à des matériaux carbonés, et à la logique de mettre le bon matériau au bon endroit pour le bon usage ».

Un approvisionnement bois 100% certifié

 Sans avoir d’objectif quantitatif précis sur le volume de bois utilisé dans les ouvrages, la SOLIDEO a cependant imposé des contraintes qualitatives, avec 30% minimum de bois français (travail mené avec France Bois 2024), et 100% de bois certifié. « Nous avons également incité très fortement nos partenaires à cartographier leur réseau de fournisseurs afin d’assurer une traçabilité du bois depuis la forêt, avec un suivi réalisé en interne » explique Kelly Prevost.

Sur le Village des athlètes, « nous avons estimé un volume d’un peu plus de 17 000m3 de bois utilisé, dont 14 000m3 de bois structurel et 55% de bois français au total ». Le reste des bois est européen, ou tropical pour les aménagements proches de la Seine.

Ouvrages Jeux Paris - SOLIDEO
© SOLIDEO

C’est justement sur les berges de la Seine et sur la promenade Cesaria Evora (anciennement appelée Mail Finot), qui relie les berges au centre du Village des athlètes, que la SOLIDEO a décidé de se lancer dans une démarche de certification de projet partielle FSC. Cette dernière, obtenue le 19 juin 2024 (FSC-P002069) concerne la rénovation de la structure et du revêtement en bois des berges et l’aménagement de la RD1, zone située à proximité du Village des athlètes. « Nous nous sommes tournés vers du bois tropical pour répondre à des problématiques de crues et de pérennité du bois dans le temps. Notre politique concernant le bois tropical est claire : une traçabilité fine et vérifiable était essentielle », nous explique Thibault Meynieux. « La certification de projet FSC nous a permis de contrôler l’ensemble des maillons de la chaîne, et de s’assurer que tous les acteurs étaient conscients des enjeux, et ce, jusqu’à l’entreprise qui pose le bois ».

Ainsi, les essences de Tali et Massaranduba ont été choisies pour le platelage et la rambarde des berges, deux essences de classe 4 permettant de répondre aux enjeux de durabilité. En plus de ces deux essences, du Padouk a également été utilisé pour la promenade Cesaria Evora. « L’aménagement devrait pouvoir durer entre 30 et 40 ans d’après nos modèles prévisionnels » précise Thibault Meynieux. Ce travail a également permis de rendre la RD1 plus accessible, avec l’ajout d’une piste cyclable, et de créer des endroits de promenade et de repos, avec l’installation de mobilier urbain, et la possibilité pour les péniches de s’y installer après les Jeux.

Berges de Seine (c) SOLIDEO
© SOLIDEO-Sensee

Des actions complémentaires

En plus de cette démarche sur le bois, « il faut comprendre que c’est la multiplicité des actions environnementales et la diversité des acteurs qui nous ont accompagnés dans leur mise en place qui nous permettent aujourd’hui d’aboutir à des résultats satisfaisants sur l’ensemble des ouvrages » résume Thibault Meynieux. « En réfléchissant de manière globale, en jouant sur l’architecture, la circulation du vent et l’orientation des bâtiments par exemple, on peut réduire nos consommations et assurer un confort de façon passive pour les utilisateurs d’aujourd’hui et de demain ».

La stratégie environnementale de la SOLIDEO est donc le résultat d’un travail collectif avec un écosystème investi et engagé pour répondre de façon pertinente et concrète aux enjeux climatiques et de biodiversité. D’autres actions ont ainsi permis de répondre aux 3 autres piliers de cette démarche globale, telles que la mise en place d’analyses de cycle de vie systématiques pour l’ensemble des matériaux, des travaux de projection avec Météo France pour concevoir des habitats confortables selon différents scénarios climatiques, ou encore l’appui d’écologues pour adopter les meilleures pratiques de préservation des espèces recensées à proximité des sites utilisés pour l’événement.