Les forêts jouent un rôle crucial dans la régulation du climat de la planète. Elles constituent le plus grand réservoir terrestre de carbone atmosphérique. D'après le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), la déforestation et la dégradation des forêts représentent plus de 5 milliards de tonnes de dioxyde de carbone (CO2) chaque année. Cela équivaut à 13% des émissions totales de CO2.
L'accord de Paris appelle les pays à réduire drastiquement ces émissions pour limiter l'augmentation de température à 2°C. La Procédure Services Écosystémiques FSC permet de répondre à cette demande en proposant une solution pour préserver, accroître et rétablir les stocks de carbone en forêts. Elle se compose de sept étapes conçues pour aider les titulaires de certificats FSC à montrer les bénéfices que leur gestion forestière responsable engendre en matière de préservation et de restauration de certains services écosystémiques. Un organisme certificateur indépendant évalue le processus et chaque bénéfice proposé, s'il est vérifié, donne lieu à une « Mention Services Écosystémiques ». Le titulaire de certificat peut ensuite utiliser cette mention à des fins promotionnelles ou pour communiquer sur les bénéfices obtenus.
Deux agences locales italiennes ont utilisé cette procédure avec succès dans leurs forêts publiques. L'agence régionale de Lombardie pour les services agricoles et forestiers (abrégée « ERSAF » en italien) et l'Union des municipalités de Valdarno et de Valdisieve (abrégée « UCVV » en italien) ont toutes deux démontré des bénéfices liés au rétablissement des stocks de carbone forestier. Les bénéfices obtenus par l'ERSAF pour le maintien de la qualité de l'eau et par l'UCVV pour la préservation des zones importantes pour les loisirs et le tourisme ont également été vérifiés. Les services écosystémiques dont l'ERSAF et l'UCVV ont obtenu la vérification concernent au total 18 000 hectares de forêts.
« L'entretien et la gestion adaptée de ces forêts, s'appuyant sur un processus décisionnel éclairé et responsable, représentent une opportunité unique pour préserver et améliorer les services écosystémiques essentiels en Italie » explique Ilaria Dalla Vecchia, conseillère technique en gestion des forêts pour FSC Italie.
La procédure nécessite de comparer les données passées et actuelles afin d'évaluer les bénéfices engendrés pour les services écosystémiques. L'UCVV a prouvé que le stock de carbone total net dans ses forêts avait augmenté de 20% depuis 2004, soit l'équivalent de 650 milliers de tonnes de carbone absorbées (données 2019). Le stock de carbone net de l'ERSAF a lui augmenté de 18 % depuis 2009 pour atteindre 3 millions de tonnes de CO2 absorbées (données 2019). Cela équivaut à la moyenne des émissions annuelles de 184 000 voitures. De plus, l'ERSAF et l'UCVV se sont engagées à conserver le même taux de croissance des stocks de carbone forestier pour les dix prochaines années.
Dans ses forêts, l'ERSAF a protégé 30 sources d'eau douce contre la dégradation, la surconsommation humaine et la contamination. Ces mesures ont permis d'améliorer sensiblement le pH et la teneur en azote de ces sources. L’ERSAF a donc obtenu la vérification de ses bénéfices pour le maintien de la qualité de l'eau. L'UCVV préserve depuis plus de 15 ans une superficie équivalente à 2 400 terrains de football en Tosane, une région réputée dans le monde entier pour ses paysages pittoresques et la beauté de ses vignobles. L'UCVV a également amélioré ses infrastructures et augmenté le nombre annuel de touristes sur son domaine, dans l'optique de renforcer les activités de loisirs et de tourisme grâce à une bonne gestion forestière.
Toni Ventre, Directeur de l'UCVV et secrétaire du Réseau Méditerranéen de Forêts Modèles, explique que la Procédure Services Écosystémiques a amplifié les impacts positifs de la gouvernance : « c'est un moyen très efficace de communiquer sur les améliorations obtenues, de démontrer l'incroyable complexité des écosystèmes forestiers et d'attirer des partenaires désireux d'apporter leur contribution ».
Massimo Ornaghi, directeur de l'ERSAF, commente à son tour la procédure, ajoutant que « la vérification des services écosystémiques met en lumière un engagement de plusieurs années, dont la portée sera certainement étendue à l'avenir. »