Traçabilité

FSC International et ses partenaires travaillent depuis plusieurs années à l’utilisation de techniques scientifiques, notamment des tests isotopiques (détermination de la composition des atomes qui possèdent le même nombre d'électrons présents dans un échantillon de bois) et de la cartographie génétique, pour déterminer avec précision - à quelques kilomètres près - l'origine de morceaux de bois spécifiques. De cette manière, FSC entend lutter contre l'exploitation forestière illégale et la corruption dans les chaînes d’approvisionnements à risque.

C’est grâce à la chimie du bois que ceci peut être rendu possible. Tout organisme vivant est en effet constitué d'une combinaison d'éléments, agencés en formations complexes pour créer à la fois forme et fonction. Certains de ces éléments peuvent être légèrement modifiés pour former des isotopes, donnant à l'organisme une signature chimique, partagée uniquement par ses voisins géographiques et de la même espèce. De la même façon, chaque organisme vivant possède un patrimoine génétique unique.

En utilisant à la fois les tests isotopiques et la cartographie génétique, il est ainsi possible de déterminer la provenance du bois testé. Une méthodologie qui pourrait compléter les apports de la Blockchain FSC, qui a été lancée au début de l’année 2024 en version bêta et ayant pour objectif de garder une trace de toutes les transactions faites dans le cadre de la chaîne de contrôle FSC.

Au micro du podcast « Forest for the future », Marc Jessel, Chief System Integrity Officer de FSC International, précise : « Les projets pilotes menés visent à introduire une nouvelle technologie pour tracer la provenance du bois. Le premier principe expérimenté correspond à l'analyse des isotopes stables, une technologie d'identification du bois qui se base sur le fait que la fibre de bois est constituée de différentes particules et que le ratio de ces différentes particules, comme le carbone ou l'hydrogène, diffère en fonction de l'essence et de l'endroit où celle-ci se trouve dans le monde. Le second principe sur lequel nous travaillons correspond, lui, à l’archivages des isotopes, qui consiste à créer des archives dans lesquelles sont répertoriées une multitude de profils isotopiques différents, représentant ainsi un grand nombre d’essences. Ce que ces projets pilotes vont faire, c'est chercher à voir si, en combinant analyse des isotopes et archivage, nous pouvons systématiquement tracer la provenance du bois pour les chaînes d'approvisionnement à haut risque qui existent dans le système FSC. »

Ces technologies sont bien distinctes de l’initiative WorldForestID - lancée conjointement par FSC International, le Service des forêts des États-Unis, le World Resources Institute, Agroisolab et le laboratoire des jardins de Kew en Angleterre -, qui a pour but de construire la plus grande base de données au monde d'échantillons de bois géoréférencés provenant des régions où l'exploitation forestière illégale sévit. Cette base de données sera alors utile dans des cas particuliers, pour lesquels l'identification du bois est nécessaire pour lever d’éventuels doutes sur la provenance. Marc Jessel confirme : « Je dirais que les technologies que développe FSC sont complémentaires au projet WorldForestID. Tout d'abord, WorldForestID est une initiative dont nous sommes partie prenante, nous sommes membres du consortium et nous en sommes très heureux. L'objectif de WorldForestID est de créer une base de données mondiale de toutes les espèces les plus commercialisées et les plus vulnérables du monde. Nous faisons donc d'une certaine manière d'une pierre deux coups puisque nous allons certainement contribuer à la collection mondiale d'échantillons et de profils de bois WorldForestID par le biais de nos travaux sur l’analyse des isotopes et leur archivage mais, en même temps, et c'est vraiment notre principal objectif, nous les utilisons comme des outils pour assurer que le bois vendu sous la certification FSC provient bien de la source indiquée ».

La logique derrière ces projets repose sur l’ambition de consolider la traçabilité des bois dès leur sortie des forêts et leur entrée dans les chaînes d’approvisionnement. « Au cours des dernières années, nous avons travaillé pour faire évoluer l'intégrité de notre système d'une approche réactive à une approche proactive. Nous sommes plus affirmés sur la manière dont nous gérons cette intégrité et, si vous regardez les volumes que nous traitons, je pense qu’il est clair que les technologies d’identification du bois représentent une vraie valeur ajoutée dans la gestion des chaînes d’approvisionnement » explique Marc Jessel.

Des innovations prometteuses et donc à suivre de très près dans les années à venir !