Mont Beuvray
M. Rossi

« Oui une coupe rase à la suite d’une crise des scolytes peut être de bon augure » nous explique Jean Cacot. Pour preuve, le reboisement d’anciennes plantations d'épicéas du site forestier de Bibracte (le Mont-Beuvray), sur 70 hectares, pensé pour allier biodiversité, paysage et résilience face aux changements climatiques. Le site, certifié FSC, est d’ailleurs classé au titre des Sites et Paysages ainsi qu'au titre des monuments historiques. Le Morvan des Sommets est classé depuis 2008 Grand Site de France[1], et Bibracte, porteur de cette démarche, s’est doté depuis 2019 d’un plan d’objectifs paysager.

« À la suite d’une épidémie des scolytes, insectes de deux à sept millimètres creusant des galeries sous l’écorce des épicéas entrainant leur dépérissement, une restauration a été subventionnée par le Plan de Relance de l’Etat à destination des forestiers ayant subi des dommages environnementaux. 75% d’essences feuillues et 25% d’essences résineuses ont été plantées. En amont du reboisement, une étude de sol a été menée par l’ONF afin de diagnostiquer les stations forestières (étendue de terrain homogène sur les plans du climat, du relief, du sol et de la végétation spontanée[2]). En conséquent, des pratiques expérimentales ont été opérées telles que la mise en place de plantation par nid (des bouquets de 30 plants tous les 16 mètres) permettant de briser l’aspect linéaire du paysage, avec un mélange d’essence intéressant pour la biodiversité. Ces nids permettent un recru ligneux dans l’espace entre les îlots (16 mètres) et permettent d’avoir un relais avec de la régénération naturelle d’essences telles que les bouleaux, alisiers, châtaigniers et douglas. Cette diversité est en accord avec le référentiel FSC » explique Jean Cacot.

En parallèle de la replantation, la totalité du massif est étudiée par Bibracte dans un suivi dendrométrique (opération de mesure du diamètre des arbres) et environnemental (115 placettes de mesure avec le protocole des réserves naturelles de France). Ces placettes permettent d’extrapoler les chiffres obtenus par des données à l’hectare : volume et densité de bois vivants, volume et densité de bois mort sur pied et au sol, nombre de dendromicrohabitats. Ces indicateurs sont analysés et mis en lien avec les seuils FSC afin de réfléchir à des points d’amélioration. Concernant les plantations, des suivis sont menés, l’ONF met en place la méthode Brossier-Pallus[3] afin d’appréhender l’impact du gibier et le Département de la santé de la forêt[4] surveille les pathogènes ravageurs.

En mars dernier, une sortie a été organisée par Jean Cacot auprès du grand public afin de vulgariser le protocole d’action et les avancées scientifiques. Des propriétaires forestiers, un guide, une association et des élus étaient présents. Cet échange a permis de faire un état sur le dispositif de recherche et d’avoir un retour sur la gestion. Il sera renouvelé avec la mise en place d’un suivi de plantation auxquels les participants prendront part.

La prochaine étape consistera à la synthèse des données issues des différents protocoles et à leur analyse par les partenaires (Bibracte, Office National des Forêts, Parc Naturel du Morvan, Réserves Naturelles de France, cabinet LABBE).

« Par la suite, il est envisagé de mettre en place d'autres projets de restauration ainsi que des projets Services Ecosystémiques FSC ». Dans les années 1970 ont été planté des douglas au bord d’un cours d’eau : ces projets pourront ainsi permettre de restaurer 500 mètres de ripisylves (végétation installée sur la berge d’un cours d’eau).

 

[1] MEDD / DNP / SDSP / SP3 / AFP (grandsitedefrance.com)

[2] Les stations forestières (cnpf.fr)

[3] BrosserPallu.pdf (comitedesforets.com)

[4] Le Département de la santé des forêts : rôle et missions | Ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire