Cette phrase, c’est Samuel Pilotto, Gestionnaire forestier et Chargé d’étude, qui la prononcera au cours de notre entretien.
En poste depuis huit ans et basé à Aix-en-Provence, il travaille au sein d’Alcina – cabinet d’experts et de gestionnaires, mais aussi bureau d’études forestier –, qui intervient dans plusieurs départements particulièrement sensibles aux feux de forêt : Bouches-du-Rhône, Var, Vaucluse…
Autant de territoires où la pression climatique se conjugue à une forte fréquentation humaine, particulièrement durant l’été, et à des usages multiples des massifs, tant économiques que socioculturels (chasse, randonnée, cyclisme…).
Dans ce contexte, la Défense des Forêts Contre les Incendies (DFCI) occupe une place importante dans les expertises proposées par Alcina, et dans l’exercice du métier de gestionnaire forestier de Samuel : « Ce volet représente environ 50 % de mes missions, avec un accompagnement des collectivités, notamment la métropole d’Aix-Marseille-Provence, mais aussi de porteurs de projets privés ».

La DFCI, une approche structurée et territorialisée
La création d’une stratégie de prévention s’appuie sur des plans départementaux (PDPFCI), déclinés ensuite à l’échelle des massifs en suivant plusieurs étapes – toutes incluses dans les compétences de Samuel Pilotto et d’Alcina :
- La planification, avec l’élaboration de plans de protection et de réduction du risque incendie (PPRI, PMPFCI, etc.) ;
- L’assistance technique, en lien avec les acteurs locaux, pour traduire ces plans en actions concrètes et mobiliser les aides nécessaires ;
- La mise en œuvre des travaux forestiers DFCI, une fois les autorisations obtenues et les démarches réglementaires réalisées : création ou entretien de pistes (elles permettent la circulation et ainsi la surveillance des massifs), éclaircie et/ou débroussaillage à vocation DFCI (marquages des limites, des arbres, intégrations des enjeux…), signalisation pour se repérer sur les pistes, mise en place de citernes, etc.
La gestion forestière comme levier d’atténuation
Samuel Pilotto opte pour des interventions sylvicoles régulières, qui donnent de la dynamique à la gestion : « Si on travaille la forêt par dégagement*, dépressage** et éclaircie, elle devient moins sensible au risque incendie ».
➔ *Un dégagement est une opération qui favorise le développement de certaines essences cibles.
➔ **Un dépressage consiste à réduire la densité des jeunes arbres, ceux-ci étant propices à la propagation du feu en cas d’incendie, en raison de leur faible hauteur.
À cela peuvent être ajoutées des pratiques multifonctionnelles : vignes en bordure de forêt, pâturage pour l’entretien de la végétation, ou encore maintien d’activités agricoles sur certaines parcelles, qui jouent un rôle de coupure et ralentissent ainsi la progression des incendies.

Dans le nouveau référentiel de Gestion forestière responsable FSC pour la France métropolitaine, le Critère 10.9 évolue et demande aux gestionnaires certifiés de mieux prendre en compte les aléas climatiques et les catastrophes naturelles, dont le risque incendie, devenu un enjeu majeur. Pour ce faire, le standard propose les axes suivants :
➤ Identifier et évaluer les risques ;
➤ Ajuster les pratiques de gestion forestière pour renforcer l’adaptabilité des peuplements, notamment en cas de vulnérabilité accrue de certaines essences ;
➤ Mettre en œuvre des actions concrètes, en suivant le cadre réglementaire en place :
- Dossier départemental sur les risques majeurs,
- Plan de prévention des risques naturels
- Plan de protection de la forêt contre l’incendie,
- Obligations légales de débroussaillement,
- Plan de massif s’il existe ;
➤ Informer et sensibiliser les intervenants en forêt, pour encourager de bons réflexes humains ;
➤ Prévenir et réduire les risques sur les biens et les personnes.
➤ Plus d’informations bientôt sur cette nouvelle édition de notre référentiel !
Un engagement certifié FSC
Depuis 2021, Alcina est engagé dans la certification FSC : une démarche dans la continuité de son approche responsable de la gestion forestière, centrée sur la Sylviculture Mélangée à Couvert Continu (SMCC).
« Nous nous sommes tournés vers FSC pour formaliser notre engagement et valoriser les bonnes pratiques déjà mises en place », explique Samuel.
La certification ouvre aussi des perspectives de soutiens financiers, par exemple avec les projets Impact Vérifié FSC, qui permettent d’aller encore plus loin dans l’impact positif de sa gestion sur les forêts.
Du Haut-Languedoc au Lubéron en passant par les Cévennes, Alcina est aujourd’hui à l’initiative de trois de ces projets, qui visent à favoriser la restauration de la biodiversité, le stockage du carbone et la préservation de la ressource en eau dans les forêts concernées.

Conclusion : agir en amont et prévenir
Aujourd’hui, la gestion de risque incendie nécessite de l’anticipation, des moyens techniques et humains, ainsi qu’une lecture fine du territoire : « Si des points sensibles sont identifiés, il est intéressant de les traiter dès cet instant, avec les solutions efficaces dont nous disposons ».
Les utilisateurs de la forêt – et celles et ceux qui vivent à proximité - ont également un grand rôle à jouer, les départs de feux étant majoritairement d’origine humaine. Pour prévenir le risque incendie, voici quelques points de vigilance :
- Ne fumez pas en forêt et jetez toujours vos mégots dans un cendrier ;
- Lorsque vous vous bricolez en plein air, placez-vous loin des espaces secs et à risque ;
- Respectez les obligations légales de débroussaillement à réaliser sur un rayon de 50 mètres autour de votre habitation. Pour savoir si votre zone géographique est concernée, consultez la carte dédiée !