L’innovation technologique profite en effet à bien des secteurs : ces dernières années, elle transforme les pratiques professionnelles, en proposant des outils pouvant aider à la prise de décision et à l’optimisation des actions entreprises. À la clé : gain de temps, de précision, d’efficacité.

La filière forestière l’a bien compris et se familiarise peu à peu, elle aussi, avec certaines technologies. Illustration avec l’exemple de Forestry France, gestionnaire certifié FSC et membre de FSC France, qui utilise depuis quelques années drones et satellites pour produire une imagerie aidant à la gestion de ses forêts, par exemple celle de Saint Brisson, certifiée FSC depuis 2023.

 

La forêt de Saint Brisson, située dans le Morvan, est gérée par Forestry France, qui compte à son actif cinq forêts certifiées FSC sur le territoire métropolitain et a rejoint la gouvernance de FSC France durant l’été 2023.

Parmi les activités de la société, on recense l’arboriculture, l’énergie, les infrastructures mais aussi et surtout un pôle forestier, plus développé, qui propose expertise, gestion et accompagnement dans tous les aspects du suivi de forêts.

Illustration 2 :  Exemple d’un inventaire sur une forêt majoritairement épicéa – douglas
Illustration 1 :  Exemple d’un inventaire sur une forêt majoritairement épicéa – douglas

Dès 2019, Forestry France a recours aux drones pour la réalisation d’inventaires au sein de ses forêts. Nombre d’arbres, densité, hauteur moyenne, surface, répartition par essences… La reconstitution est réalisée en détectant le sommet et le contour de chaque arbre, un niveau de détail qui permet de mettre à jour des données imprécises, qui étaient alors uniquement fournies par des mesures terrain, ou encore de visualiser les zones à faible reprise après plantation.

Les images produites ainsi par les drones permettent également de repérer les zones environnementales d’intérêt potentiel. Par exemple, durant l’été, avec la luminosité qui convient, il est possible d’identifier visuellement des zones plus humides.

Ces deux aspects guident alors l’expertise de terrain sur des massifs importants et permettent un gain de temps opérationnel. La connaissance du terrain s’associe avec l’imagerie produite par les drones pour délimiter les différentes zones de la forêt plus précisément et dans des délais plus courts.

Si l’opération fonctionne bien pour les zones plantées de résineux, les drones se révèlent cependant moins performants sur des forêts de feuillus, dont la densité rend difficile l’individualisation des tiges. Le travail du gestionnaire reste donc toujours primordial.

Chez Forestry France, l’utilisation de drones permet aussi, dès 2020, la réalisation de diagnostics sanitaires.

Dans le cas de la forêt de Saint Brisson, par exemple, le stress hydrique et la présence de scolytes provoquent un dépérissement du massif. La situation exige donc un contrôle régulier de l’évolution de l’état sanitaire du massif et des prises de décisions pour lutter contre ce phénomène, avec les enjeux environnementaux, paysagers et économiques liés.

Illustration 1 : Les zones rouges traduisent une activité chlorophyllienne importante
Illustration 2 : Les zones rouges traduisent une activité chlorophyllienne importante

L’analyse d’images réalisées avec un drone à capteur multispectral (qui analyse différentes longueurs d’onde des végétaux et permet d’obtenir des cartographies précises), permet ainsi, à partir de la visualisation de l’activité chlorophyllienne, de distinguer plus finement l’état des arbres que ne le permettrait une imagerie aérienne classique, qui fournit un classement binaire mort ou vivant. Les images produites par les drones permettent ainsi de quantifier le niveau de stress des arbres, de pouvoir agir plus vite et de sauver certaines parties de la forêt.

À cela peut s’ajouter une analyse dynamique satellitaire, qui dispose d’une moins bonne résolution graphique mais d’une très bonne résolution temporelle, permettant un suivi plus efficace et proche d’une visualisation en temps réel.

Il est alors possible de réaliser une cartographie volume/hectare, qui fait état de la santé des forêts.

Illustration 3 : résultat des différentes cartes superposées
Illustration 3 : résultat des différentes cartes superposées

La superposition des cartes ainsi produites permet de délimiter des zones, ce qui va faciliter l’interprétation de la situation et guider les choix du gestionnaire : ce dernier va donc pouvoir travailler sur les zones les plus touchées, qui sont clairement identifiées grâce à la combinaison des deux technologies citées plus haut, et éviter une coupe rase à grande échelle. Tristan Perret, Ingénieur forestier chez Forestry France, nous explique : « Dans la forêt de Saint Brisson, l’utilisation de ces technologies nous a permis de réduire la taille de la coupe sanitaire à environ 5 hectares, contre 25 hectares si nous n’avions pas eu de précisions sur l’état individuel des arbres les plus touchés. Cela a considérablement joué sur l’aspect paysager et face aux attentes des communautés locales. Par ailleurs, d’un point de vue économique, ces technologies nous permettent de connaître précisément les volumes récupérés suite à une coupe, et donc d’ajuster en fonction des coûts du bois. Cela a donc des avantages à la fois environnementaux, sociaux et économiques ».

À ce jour, Forestry France dispose de trois drones et d’un drone plus élaboré possédant un capteur multispectral, qui permet de produire des images plus riches en captant dans le visible mais aussi dans le proche infrarouge.

L’équipe compte également trois forestiers télépilotes, des personnes formées à l’utilisation des drones : « En effet, il faut bien noter que, dès lors que le vol dépasse un degré de risque (drone > 250 g, vol proche de personnes ou « hors vue du télépilote »), il est obligatoire de suivre une formation théorique et pratique ».

 

Merci à Floriane Roson et à Tristan Perret pour le partage de ces connaissances et pour leur engagement auprès de FSC en faveur d’une gestion responsable des forêts.