L’étape de l’audit est fondamentale dans le processus d’obtention d’un certificat FSC, qu’il s’agisse d’un certificat de Gestion forestière, ou de Chaîne de contrôle, dont les exigences sont fixées par FSC. Pour des raisons de neutralité, ces audits sont assurés par des organismes certificateurs indépendants, qui sont les seuls à être habilités à réaliser des audits et à délivrer les certificats FSC. Aujourd’hui, le métier d’auditeur reste peu connu des professionnels de la forêt et de la transformation forestière, comme l’explique Laurent Croguennec, Président de Bureau Veritas Certification France : « Ce métier est souvent associé à la finance, alors que ce n’est pas du tout le cas. Nous travaillons avec toutes les fonctions de l’entreprise. C’est un métier très riche, qui reste peu identifié comme un poste à part entière ».
Pourtant, le métier d’auditeur possède mille et une facettes, et notamment une grande diversité dans les missions réalisées, réel atout pour les auditeurs rencontrés par FSC France, comme Damien Schmutz, auditeur spécialisé sur la Chaîne de contrôle FSC, pour qui « les audits sont enrichissants et permettent d’appréhender un grand nombre d’entreprises avec des activités, des personnes et des organisations diverses et variées ».
Pour Fabio Pesce, auditeur Chaîne de contrôle et Gestion forestière FSC depuis 2012, la polyvalence du métier d’auditeur s’illustre au quotidien : « Lors des audits en entreprise, il y a une partie d’observation des procédés de fabrication, mais il y a surtout beaucoup de rencontres avec le personnel de l’entreprise. Pour les audits en forêt, il y a plus de temps passé sur le terrain, avec la visite des parcelles, l’observation des pratiques. Il n’y a pas de routine, chaque journée est différente, avec toujours un bon équilibre entre relationnel, observation et contrôle documentaire ». Marie-Christine Fléchard, auditrice en Gestion forestière pour Soil Association Certification Ltd, partage ce constat, tout en attirant l’attention sur l’implication que demandent de telles missions : « Les audits réalisés en forêt sont longs, de quelques jours à une semaine, et les journées s’étendent souvent au-delà du temps passé avec les audités. Cela demande une grande autonomie, mais ces moments sont toujours très inspirants et permettent de se confronter à différentes problématiques rencontrées par les acteurs de terrain ».
Ce sentiment est d’ailleurs renforcé lors des missions à l’étranger, l’un des grands avantages du métier d’auditeur, comme le détaille Marie-Christine Fléchard : « Avoir la possibilité d’élargir ses horizons et de s’investir dans d’autres pays, contextes et cultures, est une grande chance. Cela permet de s’exposer à d’autres façon de penser et de gérer la forêt, et de visiter des lieux que nous n’aurions pas la capacité de découvrir si nous n’étions pas auditeurs. J’ai par exemple rencontré des membres du peuple BaAka, présent dans le bassin du Congo, ce qui fut un énorme privilège ».
Ce sont pour toutes ces raisons que Johann Housset, gestionnaire forestier, a décidé de se lancer dans une démarche de formation au métier d’auditeur, « afin d’avoir une corde de plus à son arc ». Après avoir découvert les audits FSC en participant à la réalisation du dossier de certification FSC pour une structure forestière, Johann Housset a eu envie de contribuer, à son échelle, au développement de la certification FSC en France. « Dans notre quotidien, nous sommes tous très concentrés sur nos projets. Faire des audits permet aussi de pouvoir prendre du recul, en visitant d’autres forêts, en apportant un regard extérieur à des forestiers qui sont eux-aussi engagés dans une démarche de gestion exemplaire et avec qui on partage des valeurs communes », explique-t-il.
Ce besoin de prise de recul est partagé par l’ensemble des auditeurs interrogés, et notamment Damien Schmutz, qui a également fondé un cabinet de conseil pour les entreprises de la filière forêt-bois-papier, et pour qui « avoir une activité complémentaire permet de pouvoir alimenter ses connaissances, et rester au fait des réalités et complexités de terrain ». Le fait d’exercer ce métier à temps partiel n’est pas toujours un avantage pour les organismes certificateurs, « mais c’est souvent un atout pour les auditeurs qui peuvent exercer d’autres activités d’expertise technique (sous certaines conditions, pour éviter tout conflit d’intérêts), et ainsi trouver un équilibre » explique Laurent Croguennec.
Pour devenir auditeur, FSC impose d’avoir 5 à 10 années d’expérience dans le secteur forêt-bois : une évidence pour l’ensemble des auditeurs, qui s’accordent tous sur la nécessité d’avoir de bonnes connaissances du terrain, afin de pouvoir évaluer au mieux les organisations, comprendre leurs enjeux, juger l’exemplarité des pratiques, « et ne pas avoir une vision uniquement théorique des référentiels FSC » précise Johann Housset.
Une fois cet impératif rempli, les expériences peuvent être très diverses, comme le montrent les parcours de Damien Schmutz, qui a dirigé un site industriel pendant une dizaine d’année et gère désormais son cabinet de conseil, Johann Housset, très vite attiré par les sujets de biodiversité et qui a travaillé en recherche sur les effets des changements climatiques, Fabio Pesce, qui réalise des études et du conseil dans le domaine de la foresterie et du bois, et Marie-Christine Fléchard, qui travaille principalement à l’étranger dans le suivi de projets environnementaux et sociaux.
Les capacités relationnelles sont fondamentales pour ce métier, « non seulement pour pouvoir mettre à l’aise les personnes qui sont en face de nous, mais aussi savoir rester fermes face à certaines d’entre elles » précise Marie-Christine Fléchard. « C’est un métier qui vous challenge, et les auditeurs les plus timides deviennent de solides orateurs. Ces échanges nourrissent votre personnalité » complètera Laurent Croguennec. La flexibilité, la ténacité, l’ouverture d’esprit, la rigueur et l’organisation sont d’autres exemples de qualités recommandées pour ce métier. Fabio Pesce mentionne également la nécessité de savoir rester impartial vis-à-vis des acteurs audités.
La dernière condition pour répondre aux attentes du métier, et peut-être la plus importante, comme le rappelle Marie-Christine Fléchard, c’est « d’être d’abord convaincu du bien-fondé et de la nécessité de la certification FSC, avoir la conviction que le système a un sens et être aligné avec ses valeurs ».
Si ce portrait du métier d’auditeur vous parle, ou que vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez vous rapprocher des organismes certificateurs accrédités FSC, qui proposent des formations, et ainsi participer au développement de la certification FSC et à la préservation des forêts en France, et dans le monde !