Marie-Christine Fléchard

Après un apprentissage qui l’a mené d’un CAP d’ouvrier forestier bûcheron à un BTS Production forestière obtenus en France, Marie-Christine Fléchard complète sa formation, après quelques années d’expérience, avec un master en écologie au Royaume-Uni, terre d’adoption sur laquelle elle a depuis posé ses valises. Elle se lance ensuite dans diverses missions, en France mais surtout à l’étranger, principalement dans le suivi de projets environnementaux, sociaux et communautaires. 

Grâce à sa formation technique, un intérêt poussé pour l’écologie et la sociologie forestière, la botanique, les aspects sociaux de la forêt, et un parcours sur le terrain déjà riche, elle s’est alors vue offrir l’opportunité de commencer des missions d’audit : « À l’époque, je travaillais dans une université à Dublin, et mon travail consistait à évaluer l’impact social du secteur forestier en Irlande. L’organisme qui gérait alors toutes les forêts d’État était sur le point d’obtenir la certification FSC, et le bureau de certification qui s’occupait du projet, Soil Association Certification, recherchait un nouveau profil, spécialisé sur ces sujets sociaux. C’est comme ça qu’ils m’ont trouvée ! » explique-t-elle.

Depuis le début des années 2000, Marie-Christine réalise donc des missions d’audit en gestion forestière FSC, tout en poursuivant d’autres projets en parallèle : « Il était écrit que j’allais travailler sur la certification FSC dans ma vie. Le fait que la forêt ne se réduise pas à sa seule fonction de production a toujours été une évidence pour moi, et j’ai toujours été attirée par les sujets de gestion responsable qui allie tous les aspects de la forêt » raconte-elle. « En rejoignant Soil Association Certification, j’ai aussi découvert un organisme avec une éthique environnementale et sociale très forte, qui m’a par ailleurs donné la possibilité de partir en Afrique de l’Est pour développer la certification FSC, de belles expériences ! ».

Par les hasards de la vie, Marie-Christine travaille toujours principalement à l’étranger, aspect du métier d’auditeur qu’elle apprécie particulièrement. « Ce métier demande beaucoup d’investissements, de temps, de réflexion, et nécessite une certaine résistance quand on réalise plusieurs audits dans l’année, qui durent généralement quelques jours. Mais c’est vite compensé par la possibilité de travailler à l’international » explique-t-elle. « C’est l’occasion de pouvoir élargir ses horizons. C’est une grande chance de pouvoir s’exposer à d’autres façons de penser et de gérer la forêt, et d’aller à la rencontre d’autres cultures ».

Marie-Christine repense d’ailleurs à certains moments privilégiés vécus au cours de ses différentes missions, comme sa rencontre avec le peuple BaAka, présent dans le bassin du Congo. « Lors d’un autre déplacement en Afrique, j’ai également eu la possibilité d’aller à la rencontre des femmes du village, qui n’étaient jamais sollicitées pendant les réunions de travail. Pourtant, ce sont elles qui faisaient les cueillettes en forêt, qui récupéraient le bois de chauffage, donc je voulais leur parler. Mon statut d’auditrice (et de femme !) m’a permis de le faire ».

Avec ses quelques années d’expérience, Marie-Christine Fléchard note une évolution de la place de la femme dans le milieu forestier, notamment grâce à son activité de formatrice qu’elle exerce depuis quelques années. « Aujourd’hui il y a une plus grande mixité dans ces métiers. Selon moi, c’est lié à un changement de société et de mentalités qui était nécessaire, mais aussi à un changement de terminologie. Il y a 10 ou 20 ans, on parlait beaucoup de « production forestière ». Il y a bien sûr toujours cet aspect de production, que recherchent beaucoup de propriétaires forestiers, mais le monde forestier est globalement de plus en plus sensible aux dimensions sociales et environnementales, et c’est d’ailleurs pour cela que FSC se développe aussi. Je pense que les femmes ont naturellement une plus grande sensibilité aussi pour ces sujets-là, et cela leur permet aujourd’hui de mieux trouver leur place dans ce contexte forestier ». Elle note d’ailleurs cette évolution au regard du nombre de femmes dans les formations forestières, car « à l’époque, les femmes n’étaient pas acceptées dans certaines écoles forestières ! ».

Ces évolutions au sein de la filière permettent aujourd’hui de développer et d’allier des approches différentes, « notamment entre les auditeurs hommes et femmes », mais qui sont très complémentaires, comme nous l’explique Marie-Christine Fléchard. « Finalement, si l’on souhaite se lancer dans cette voie, et plus particulièrement s’engager dans le système FSC, le plus important reste d’être aligné.e avec ses valeurs, et d’être convaincu.e de la pertinence de la certification, que l’on soit un homme ou une femme ! ».