FSC, un outil pour préserver le bois de santal calédonien

Le bois de santal néocalédonien (Santalum austrocaledonicum) est une essence endémique de l’archipel calédonien et du Vanuatu. La ressource exploitable de bois de santal se retrouve quasi uniquement dans les forêts des îles Loyauté (Lifou, Maré, Ouvéa et Tiga). Ce bois de santal de grande qualité est exploité pour la production de son essence aromatique. Il est valorisé par distillation. Les entreprises Takone et Serei Non Nengone ont mis au point une démarche innovante en matière technologique, environnementale et sociétale, permettant de capter les marchés de la parfumerie de luxe et de la cosmétique biologique, et de générer ainsi une forte valeur ajoutée sur la matière première.

Ces deux entreprises, en partenariat avec des parfumeurs français, promeuvent une gestion durable de cette ressource naturelle en Nouvelle-Calédonie. D’abord certifiées en agriculture biologique, Takone et Serei Non Nengone ont souhaité se tourner vers la certification FSC.

Le développement du référentiel FSC adapté au contexte local a été confié à la société ECOCERT, avec l’appui du bureau FSC France. Des réunions ont été organisées avec les parties prenantes locales en mai 2018. Une première version du référentiel a ensuite été soumis plus largement à une consultation publique en début d’année 2019. Des échanges avec FSC International ont permis de valider les adaptations qui avaient été faites par rapport au modèle générique de référentiel. La version finale du référentiel a finalement été validé en octobre 2021, après un retard dû notamment à la crise sanitaire que nous traversons. Le santal calédonien devrait donc pouvoir être certifié FSC dans le courant du premier semestre 2022.

« La révision du référentiel FSC a débuté en 2018, avec pour objectif d’adapter les indicateurs aux spécificités du territoire des îles Loyauté en Nouvelle-Calédonie, connu notamment pour sa production de bois de Santal. Nous avons organisé plus d’une dizaine de rencontres avec les parties prenantes, avec l’idée de corédiger les indicateurs sur les thématiques clés qui les concernaient (environnement, gestion économique, social), mais aussi de venir à leur rencontre sur les trois îles qui composent l’archipel. Nous avons fait des rencontres spécifiques avec le peuple Kanak, car il était primordial de bien identifier leurs enjeux du territoire et de comprendre leurs valeurs traditionnelles, foncières et culturelles. Aujourd’hui le référentiel est enfin prêt, que nous espérons le plus partagé possible et favorable à une gestion préservée des forêts des îles ! » - Chloé Champion, Coordinatrice du projet chez Ecocert

Un référentiel limité aux îles Loyauté

Le périmètre du référentiel FSC s’est limité au territoire des îles Loyauté car ce territoire est la principale source de bois de santal, sur lequel porte actuellement la demande FSC. C’est également un territoire très homogène, que ce soit d’un point de vue social (l’intégralité du foncier appartient aux tribus Kanak, ce qui n’est pas le cas sur la Grande Terre de l’archipel), et écologique (même type de sol et de relief permettant à des écosystèmes forestiers caractéristiques de ces îles de s’y établir), ce qui facilite le travail d’adaptation des indicateurs FSC.

Toutefois, il n’est pas exclu que ce référentiel puisse être étendu au reste de l’archipel, et porte sur d’autres produits forestiers, si d’autres acteurs y étaient intéressés à l’avenir.

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Les enjeux sur le terrain

La demande sur le bois de santal, notamment de certains pays asiatiques, est extrêmement forte, ce qui génère une pression importante sur la ressource. L’exploitation du bois de santal est soumise à des quotas annuels mais les risques d’exploitation illégale restent une réalité.

La richesse exceptionnelle des habitats naturels des îles Loyauté est actuellement menacée par le braconnage d’espèces protégées, comme la roussette, chauve-souris endémique ; les défrichements d’origine agricole ou liés au développement de l’urbanisation ; les espèces envahissantes ou les incendies. Les données sont actuellement lacunaires, et il y a peu de suivi de ces espèces ou habitats à « Haute Valeur de Conservation ».

Les femmes Kanak s’impliquent de plus en plus dans les activités liées au santal et à la préservation des ressources naturelles. Ces dernières années, la volonté des femmes calédoniennes d’intégrer le monde du travail et d’y progresser a été particulièrement forte. Elles sont très impliquées dans les mouvements sociaux et politiques et forces de proposition.

La rédaction des exigences adaptée au contexte local a tenu compte de ces enjeux. La mise en place du référentiel devrait permettre de contribuer à mieux les préserver !

Lifou