Maud Lelièvre

Engagée depuis plus de 20 ans pour l’écologie et la protection de l’environnement, Maud Lelièvre, avocate en droit de l’environnement de formation, œuvre concrètement à travers plusieurs rôles : Déléguée générale des Eco Maires, membre du Bureau de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO), membre de BirdLife, Présidente du Comité Français de l’UICN, et membre du Conseil d’administration de FSC France depuis juin 2022.

Elle revient sur son engagement pour la nature, et présente l’association des Eco Maires, membre de FSC France depuis 2020.

 

Pouvez-vous vous présenter, et rappeler la mission et les actions de l’association Les Eco Maires dont vous êtes la Déléguée Générale ?

Les Eco Maires, Association nationale des maires et des élus locaux pour l’environnement et le développement durable, est née en 1989. Elle rassemble aujourd’hui plus de 1800 collectivités locales, qui désirent améliorer leur prise en compte des enjeux environnementaux et sociaux, et mettre en place des projets concrets à l’échelle locale. Nous les accompagnons dans leur transition écologique à travers la mise en place de groupes de travail, des actions de sensibilisation et des formations pour les aider à créer des politiques opérationnelles.

 

Quels sont les enjeux des collectivités et acteurs publics en matière de préservation de l’environnement, et quels sont leurs moyens d’action aujourd’hui ?

J’aime dire qu’il n’y a pas de bons et de mauvais élèves, mais uniquement des acteurs qui peuvent progresser. Et aujourd’hui, il y a de nombreux axes de progression. Nous travaillons principalement sur les questions d’alimentation et de circuits courts, la mobilité, la nature en ville, l’énergie dans les infrastructures, et bien sûr la commande publique, qui reste un levier fort pour s’engager dans des démarches plus vertueuses.

Concernant la forêt, nous avons plusieurs angles d’action. Nous réalisons un travail de fond sur la question des approvisionnements en produits forestiers, et nous avons d’ailleurs réalisé un guide à ce sujet, conjointement avec FSC France. Ce travail est parallèle à celui sur la déforestation importée, qui rentre de plus en plus dans les plans d’actions des collectivités. Le bois est partout : construction, lieux de loisir, transition de l’habitat, aménagement des parcs urbains… Dans ce cadre, la certification FSC prend tout son sens. Car il peut être facile pour certaines grandes collectivités d’établir des diagnostics et de comprendre les enjeux, mais il est plus compliqué de maîtriser les sources d’approvisionnement. S’appuyer sur une certification reconnue comme FSC est essentiel.

Enfin, si pendant longtemps il y avait une vision plutôt utilitariste de la forêt, aujourd’hui les collectivités voient le rôle essentiel des forêts, par les services qu’elles fournissent à la société : captage et stockage du carbone, filtration de l’eau, biodiversité… Il y a aussi un intérêt accru pour le tourisme vert qui se développe, et les collectivités qui possèdent un patrimoine naturel ont envie de l’entretenir et de le valoriser, c’est un vrai atout territorial.

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Pourquoi avoir intégré la gouvernance de FSC France ?

L’adhésion des Eco Maires à FSC France en 2020 résulte d’un rapprochement logique entre nos deux structures. Aujourd’hui, je suis persuadée qu’on ne peut pas construire une politique déconnectée de la réalité, et la clé se trouve dans la co-construction et la mise en place de projets multi-acteurs, pour passer à l’action de façon concrète et cohérente. Les collectivités locales ont un vrai rôle à jouer dans la préservation des forêts et les moments d’échanges et de concertation qu’offre FSC sont précieux. Ils nous permettent de se confronter à des approches différentes, car, en tant qu’association de collectivités locales, notre principal interlocuteur reste l’Etat. Les acteurs divers que nous rencontrons par le biais de FSC nous permettent donc de faire progresser nos idées.

Par ailleurs, j’ai été élue au Conseil d’administration de FSC France lors de l’Assemblée générale de l’association en juin 2022. C’est une démarche complémentaire qui rejoint mes valeurs personnelles. J’ai eu la chance de grandir à la campagne, et d’avoir un lien particulier à la forêt, avec une tradition familiale de planter des arbres lors de chaque naissance !

 

Vous êtes également Présidente du Comité français de l’UICN : un an après le Congrès mondial de la nature organisé à Marseille, quel est votre bilan sur l’évolution des actions menées pour la préservation des forêts ?

Le Comité français de l’UICN est constitué d’un réseau de 250 organisations réparties en plusieurs commissions thématiques, comme celle dédiée à la forêt, à laquelle FSC France contribue. Lors du Congrès mondial de 2021, la motion sur les vieilles forêts d’Europe a été adoptée. Depuis, cette thématique est devenue une priorité reconnue dans la stratégie nationale des aires protégées. Un plan d’action « Vieux bois et forêts subnaturelles » a également été lancé lors des Assises de la forêt et du bois, organisées entre octobre 2021 et mars 2022.

Le sujet de la déforestation importée a également été porté par ce Congrès, et j’espère que les conclusions qui ont été formulées donneront lieu à des politiques plus concrètes dans les prochains mois.

Globalement, ce Congrès a permis de mettre en lumière les enjeux des forêts, qui, étonnement, ne sont pas toujours le premier sujet auquel on pense quand il s’agit de biodiversité. Pourtant les forêts nous sont vitales, et nous poursuivons notre travail de sensibilisation et de plaidoyer avec une grande motivation.