C’est sur un terrain d’environ 13 000m2 qu’est désormais implantée la nouvelle ambassade de France au Gabon, à Libreville, capitale du pays. Elle regroupe dorénavant les services de l’ambassade et du consulat français. D’une longueur de 73 mètres, sur 17 mètres de large, le nouvel édifice s’intègre dans un parc arboré remarquable, tant par la qualité botanique et la richesse des essences présentes que par sa géographie, idéalement situé entre mer et forêt.
Le bâtiment voit le jour après 4 années de travaux. Il accueille désormais près de 90 collaborateurs/trices, comme nous l’expliquent Fabienne Bulle et Pascale Poirier, associées depuis 2012 au sein du cabinet en charge de la maîtrise d’œuvre qui a répondu au concours lancé par le Ministère des Affaires étrangères français en 2014. « La nouvelle ambassade est entièrement pensée et construite autour du choix des matières et de leur portée environnementale et sociale. Bien que beaucoup de matériaux aient été importés, nous avons travaillé avec des entreprises gabonaises, et toutes les matières bio-sourcées sont d’origine locale, comme le bois utilisé pour l’enveloppe ou la pierre de latérite, pour les murs de soutènement ».
Ainsi, si la structure du bâtiment est en béton, « pour des raisons évidentes de sécurité », le choix du bois a été une évidence pour les deux architectes. « De par une grande connaissance du territoire et de la culture du pays, mais aussi par un intérêt fort pour le bois, matériau de prédilection dans tous nos projets d’équipements publics, et pour répondre à la dynamique environnementale du Gabon, le bois a une forte résonnance dans ce projet. L’enjeu était de choisir du bois local, et d’assurer sa traçabilité et son origine responsable, pour montrer que ce bois vient des forêts d’ici, et qu’il reste ici » explique Pascale Poirier, qui s’est régulièrement déplacée pour le suivi du chantier. Car si 80% du territoire gabonais est recouvert par les forêts, l’utilisation du bois dans les constructions locales reste encore assez marginale, ou est cantonnée aux habitations des villages. « Nous voulions changer cette image du bois, apporter de la visibilité à ce matériau noble, de qualité et durable, quand il est issu de forêts bien gérées. La certification FSC nous a permis cela, tout en étant un marqueur d’exemplarité » précise Fabienne Bulle.
C’est donc du bois de padouk (Pterocarpus soyauxii Taub) certifié FSC, issu de concessions gérées par Precious Wood, situées à Bambidié, Lelama et Okondja dans les provinces du Haut Ogooue et d'Ogooue-Lolo, à l'est du Gabon, qui a été choisi pour la construction des 226 ailettes de bois qui recouvrent la façade extérieure du bâtiment. « Nous avons été invités à découvrir la concession gérée par Precious Woods, et nous avons véritablement observé les liens qui se tissent entre la forêt et les communautés, l’écoute de la nature et une transformation du bois qui s’appuie sur le respect des éléments, l’eau, la faune, la flore, les villageois. C’était passionnant », nous raconte Pascale Poirier. « Nous avons rencontré les scieurs, abatteurs, charpentiers et grumiers du campement de Bambidié, berceau d’une société organisée autour de la forêt et du savoir-faire du bois. Ça a été le début d’une belle histoire collaborative autour du travail du bois ». Les ailettes ont ensuite été fabriquées par la société Ecowood, qui a mis en œuvre l’enveloppe extérieure sur le chantier.
Fabienne Bulle pointe également l’une des forces de FSC : le dialogue et la concertation. « En créant une dynamique de réseau collaboratif, la certification FSC permet la mise en marché et la valorisation de produits issus de l’exploitation forestière habituellement inaccessible, à des prix compétitifs. Ainsi, la filière dans sa globalité bénéficie d’une exposition renforcée et touche de nouveaux acteurs et partenaires ».
Pour aller plus loin, le bâtiment a fait l’objet d’une certification partielle de projet FSC (FSC-P001945), norme spécifique* mise en place pour valoriser la démarche responsable et le choix de matériaux certifiés dans la construction, la rénovation ou l’aménagement de bâtiments. « Cette certification est nécessaire pour communiquer le caractère durable des matériaux utilisés » explique Guillaume Dahringer, Directeur technique de FSC France. « Elle permet de s’assurer du respect de la règlementation et de démontrer la capacité des porteurs de projet à répondre aux enjeux environnementaux du secteur de la construction ».
FSC France est donc venu en soutien du bureau FSC Afrique, pour apporter son expertise sur la certification de projet et expliquer sa mise en œuvre au cabinet d’architecture FBAA et au gouvernement français.
Le bâtiment a été audité par l’organisme certificateur Preferred by Nature, comme nous l’explique Nicolas Pillet, représentant de l’organisme en France : « L’audit d’un projet dans le cadre de la certification FSC s’effectue selon la norme FSC-STD-40-006 qui a pour objectif d’évaluer, pour l’obtention de la certification FSC, des organisations qui gèrent des projets en suivant un ensemble d’exigences prédéfinies afin de démontrer que tout ou une partie des matériaux forestiers utilisés dans les projets proviennent de forêts bien gérées, de sources contrôlées, ou qu’il s’agit de matériaux récupérés ou un mélange de ceux-ci et que les déclarations faites par rapport à ces matériaux sont légitimes et exactes ».
L’audit d’un projet de construction se déroule ainsi en deux grands volets, « le premier, plus administratif, consiste en la révision des documents et procédures prescrites par la norme FSC, qui couvre par exemple des exigences telles que la santé et la sécurité des travailleurs sur le chantier, ou la vérification des documents d’achats et de ventes du matériel acheté et portant une déclaration FSC ». La seconde étape consiste à réaliser des visites du chantier, vérifier le matériel, son identification et entreposage, ou encore « réaliser des interviews avec des employés sur place » précise Nicolas Pillet.
« Il s’agit du premier projet d’une telle ampleur certifié sur le continent africain, et nous sommes ravis d’avoir apporté notre aide aux différents partenaires du projet, notamment sur la compréhension des preuves à apporter lors de l’audit afin de démontrer la traçabilité des bois FSC de la forêt jusqu’au chantier » explique Guillaume Dahringer.
Pour les deux architectes du cabinet FBAA qui finalisent ce projet à Libreville, la certification de projet FSC s’impose pour « responsabiliser les différents acteurs de la construction ». Elles estiment d’ailleurs qu’il est indispensable que la maîtrise d’ouvrage tout comme la maîtrise d’œuvre dirigent davantage leurs efforts vers une construction « plus mesurée, attentive et respectueuse de son milieu ». C’est la raison qui les pousse, avec leur troisième associé Hicham Hamze, à multiplier les projets incluant la certification FSC, dont certains sont déjà sur les rails, pour sensibiliser toujours plus à l’utilisation de matériaux d’origine responsable et répondre à des normes exigeantes de traçabilité.
« Cette démarche est le véritable gage de notre engagement environnemental et social sur le choix de matériaux forestiers responsables » conclut Fabienne Bulle.
« L'ambassade de France au Gabon illustre une approche pionnière en matière de développement durable, grâce à sa conception qui met l'accent sur l'approvisionnement responsable en produits forestiers. En incorporant des matériaux certifiés FSC provenant de sources locales, cette initiative novatrice illustre non seulement l'engagement de l'ambassade à promouvoir le développement local, mais sert également de modèle inspirant pour d'autres projets publics à suivre. Ensemble, embrassons le pouvoir de la gestion forestière responsable et continuons à construire un avenir qui préserve nos ressources naturelles » a déclaré Peter O. Alele, Directeur régional de FSC pour l'Afrique.
Aujourd’hui, on compte plus de 330 certifications de projets FSC dans le monde, avec une récente dynamique relevée par l’organisme Preferred by Nature, qui note « un intérêt croissant pour la certification de projet FSC », preuve que le secteur développe des mesures pour évoluer vers des pratiques plus vertueuses.
FSC accompagne les porteurs de projet qui souhaitent se lancer en fournissant l’ensemble des éléments et procédures à suivre, ou en recherchant des fournisseurs certifiés FSC, et « travaille avec la filière pour rendre disponible différents types de solutions constructives certifiées FSC et ainsi permettre la certification de projets de construction comme celui-ci » précise Guillaume Dahringer.
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*La Norme FSC pour la certification de projet FSC-STD-40-006 distingue trois types de projets certifiés, en fonction des matériaux utilisés et de la part de matériaux certifiés : la certification de projet intégrale (98% du bois ou autres matériaux forestiers sont certifiés FSC, ou recyclés) ; la certification de projet partielle (pour des composants spécifiques du projet) ; et la certification de projet pour lequel un pourcentage de bois ou d’autres matériaux certifiés est déterminé.
Pour en savoir plus, contactez-nous : Guillaume Dahringer, g.dahringer@fr.fsc.org (FSC France), Israel Bionyi, i.bionyi@fsc.org (Afrique) ou découvrez notre brochure !