Christelle Simon

Si la trajectoire de Christelle Simon l’amènera in fine à travailler dans le domaine de la gestion forestière, son parcours d’études ne l’y prédestinait pas. Bien qu’intéressée par la forêt, pour elle, c’est d’abord l’environnement qui sera le fil conducteur de sa formation.

En effet, après avoir suivi un DESS géologie puis un master en géographie pour s’ouvrir encore plus à de nouvelles possibilités, Christelle Simon intègrera la Métropole Rouen Normandie d’abord en tant que stagiaire sur le sujet des sites et sols pollués.

« Je suis arrivée au moment où la politique forestière s’est structurée autour de la métropole » explique-t-elle. Elle voit donc une opportunité se dessiner, celle de rester plus longtemps pour poursuivre son travail dans cette autre direction, en réalisant une enquête dont l’enjeu sera de préfigurer cette politique forestière nouvellement introduite.

Un service dédié est créé et Christelle Simon prend donc ses fonctions en 2002, instant à partir duquel elle ne quittera plus le sujet de la forêt.

De ses premières années d’exercice centrées sur l’accueil du public, débouchant sur l’ouverture des maisons des forêts, structures d’éducation à l’environnement sur le territoire, jusqu’à l’entrée progressive de l’agglomération dans le monde de la gestion forestière, Christelle Simon s’attache à transformer positivement celui-ci. « J’étais l’animatrice de la charte forestière de territoire depuis 2004 ; au fil du temps, le service s’est structuré et je suis devenue Responsable Forêts » retrace-t-elle. « Aujourd’hui, nous sommes propriétaires d’environ 200 hectares que l’on gère en interne à deux, avec mon gestionnaire forestier, et avec l’ONF ».

L’ambition est, pour la métropole de Rouen comme pour elle, d’utiliser la certification FSC comme un outil de traçabilité et de preuve de bonne gestion des forêts du territoire. Elle travaille à l’endossement de ce rôle de démonstrateur par l’acteur public que représente la métropole dans le domaine de la gestion forestière. L’idée est alors de sensibiliser à l’intérêt de la certification FSC et de montrer la marche à suivre aux autres acteurs du secteur et du territoire (communes, propriétaires privés, entreprises de la filière). Ainsi, la Métropole Rouen Normandie travaille depuis plusieurs années à une démarche de certification FSC, et profite pour cela de la création d’un groupe de certification porté par le PNR des Boucles de la Seine Normande, permettant de regrouper plusieurs forestiers sous un seul certificat et de partager les coûts. Cette démarche permettra par ailleurs de répondre à la demande locale en bois certifié.

Lorsqu’elle regarde en arrière le chemin parcouru, Christelle Simon apprécie l’évolution de ses missions dans le temps. « Je travaille depuis 22 ans au même endroit et, pourtant, je n’ai pas l’impression de faire la même chose » souligne-t-elle. « Le fait de rentrer aujourd’hui dans la gestion forestière, c’est vraiment très intéressant : là, nous sommes vraiment acteurs » ajoute-t-elle avec enthousiasme.

Au cours de ses expériences dans le monde de la filière bois-forêt, Christelle Simon observe une mixification progressive des effectifs. Lorsqu’on lui pose la question de la place des femmes dans les milieux dans lesquels elle évolue, elle confirme : « Je trouve qu’il y en a de plus en plus. Je me suis retrouvée plein de fois dans des réunions où j’étais la seule femme. Ça m’arrive encore mais c’est de moins en moins le cas : j’ai toujours plus de femmes dans mes contacts, même si ça va dépendre des professions ». Une mixité qu’elle remarque en effet parfois moins présente dans les métiers plus techniques : « Dans les entreprises de travaux forestiers, il y a encore très peu de femmes », ajoute-t-elle.

Des défis, elle en a certes rencontré : « Voir arriver une jeune femme dans un contexte dans lequel il n’y a que des hommes, on ne vous prend pas au sérieux tout de suite ». Pourtant, elle trouve facile d’inverser la tendance et de faire de sa « différence » une force : « Après, ça peut justement avoir l’avantage inverse que vous ayez une vision différente des choses : on vous écoute plus ». « Je n’ai jamais été malmenée parce que j’étais une femme », conclue-t-elle.

Aux jeunes étudiantes et diplômées qui seraient intéressées par le secteur, Christelle Simon décrie « une filière très vaste, très variée, dans laquelle on peut trouver énormément de types de métiers différents ». Ne pas hésiter à creuser et à s’aventurer dans les métiers forestiers, c’est le conseil qu’elle donnerait, en rappelant la joie d’être au contact régulier de la nature dans son cadre professionnel.