Portrait de la forêt française
Les forêts de métropole couvrent 17,1 millions d’hectares, ce qui représente un tiers du territoire (IGN, 2022).
Depuis 1985, le taux de reboisement s’accélère (+20%) et le volume de bois sur pied ne cesse de croître pour répondre à la demande, ce qui place la France en 4ème place des pays les plus boisés de l’Union Européenne. La forêt est relativement jeune puisque 50% des forêts ont moins de 60 ans, et seulement 21% sont centenaires.
Les forêts françaises d’Outre-mer représentant quant à elles, près de la moitié de la superficie forestière métropolitaine, soit environ 8 millions d’hectares, et forment un patrimoine forestier extrêmement riche.
En métropole, 75% des forêts sont privées. Les 25% restants sont des forêts domaniales, qui appartiennent à l’État, ou des forêts appartenant à des communes, collectivités locales ou établissements publics (IGN, 2022).
La biodiversité des forêts françaises
Les forêts de métropole abritent une riche biodiversité forestière. Cependant, 17 % des oiseaux forestiers, 7 % des mammifères, 8 % des reptiles et amphibiens, 12 % des papillons de jour et des crustacés d'eau douce sont menacés d’extinction (IGN, 2016).
La diversité des forêts françaises, des microhabitats qu’elles renferment (branches cassées, cavités, etc.), et des habitats avec lesquelles elles s’imbriquent (milieux ouverts tels que des landes, milieux aquatiques ou rocheux) sont clés pour la faune, la flore, la fonge. Les stades matures de la forêt, qui concentrent des arbres âgés, de gros diamètres, des arbres morts, propices au développement de microhabitats, sont essentiels pour 25 % des espèces forestières (notamment oiseaux cavicoles, coléoptères saproxyliques, mousses et lichens).
Gérer une forêt pour en exploiter le bois réorganise forcément la biodiversité.
Toutefois, avec des choix éclairés, le gestionnaire forestier peut réduire cet impact
voire le rendre invisible ou positif plus souvent qu’on ne le croit.
Des forêts très impactées par les effets des changements climatiques
Les effets de l’augmentation globale des températures et de la fréquence et sévérité des épisodes de sécheresse se font sentir de plus en plus fortement sur les écosystèmes forestiers.
L’effet cumulés de sécheresses rapprochées conduit au dépérissement de peuplements entiers. Fragilisés, les arbres sont également plus sensibles aux maladies (chalarose du frêne, encre du châtaignier, etc.) et aux ravageurs (pyrale du buis, scolyte pour l’épicéa, hanneton forestier pour le chêne, etc.) et n’arrivent plus à se régénérer. Les risques d’incendie ne sont plus limités au sud de la France mais augmentent dramatiquement dans des forêts autrefois épargnées.
Cette situation dont la tendance s’accélère – près de 220 000 ha concernés par des dépérissements en 2020 – est très préoccupante pour le maintien des services que nous procurent les écosystèmes forestiers, dont la production de bois – et donc pour toute la filière qui en dépend.
Les gestionnaires forestiers ainsi sont confrontés aux problèmes du choix des arbres qu’il convient de favoriser ou de replanter et des modes de gestion qui leur permettront de maintenir des écosystèmes sains et productifs dans ce contexte changeant et incertain.
La question de l’impact de ces dépérissements et des changements d’essences d’arbre sur la biodiversité forestière est également prégnante. Comment assurer la conservation d’habitats et d’espèces parfois protégées quand elles sont dépendantes de certains arbres victimes des changements climatiques ?
La société plus attentive aux forêts
Depuis quelques années, on constate en France une hausse des demandes de la société pour préserver les forêts. Cet engouement est visible à la campagne comme en ville comme en témoigne par exemple le succès du livre « La vie secrète des arbres » ou le foisonnement de films et reportages télévisés dédiés aux forêts. Les forêts sont en effet le symbole par excellence de la « nature » que les citoyens, angoissés par la dégradation de l’environnement, demandent. La gestion responsable des forêts se retrouve ainsi au cœur des attentes des citoyens et consommateurs.
En réponse aux demandes de la société et des consommateurs, les marques et distributeurs développent des politiques RSE (Responsabilité sociale des entreprises) et d’approvisionnement de plus en plus ambitieuses. La certification FSC est un outil plébiscité par de nombreux distributeurs et grandes marques, qui ont annoncé leur souhait d’orienter tous leurs approvisionnements papier, bois et carton en produits FSC, et s’orientent vers la certification pour d’autres chaînes de valeur, telle celle du textile.
Ceci s’illustre également au niveau législatif. En France, la récente loi sur la lutte contre le gaspillage et l’économie circulaire privilégie l’usage des produits forestiers en substitution au plastique.
Cette tendance de fond aura des impacts sur les forêts et les modes de sylviculture, qu’il s’agira d’accompagner, et de conjuguer aux enjeux économiques. Car la filière forêt-bois française fournit du travail à 425 000 personnes (CNPF, 2020) à l’échelle du territoire métropolitain.
Les forêts françaises concentrent des enjeux économiques, sociaux et environnementaux de plus en plus médiatisés. Face à ces enjeux et, devant les incertitudes des actions à entreprendre pour adapter la sylviculture aux changements climatiques, le dialogue et la concertation sont des outils fondamentaux pour assurer que la multifonctionnalité de la gestion des forêts françaises puisse se pérenniser à l'avenir.